Un média français connu, MEDIAPART, a publié récemment un article sur une école également très connue, « Stan » à Paris.

Elle est d’autant mieux connue que la Ministre actuelle y scolarise ses enfants. Certains le lui ont reproché, elle s’est expliqué assez laborieusement. C’est à la suite de ces « révélations » que Mediapart s’est fendu d’un article à charge, sortant pour l’occasion un rapport de l’Inspection Générale de l’Education et du sport (IGESR) qui avait été peu commenté par les médias au moment de sa publication.

Pour essayer de comprendre les griefs de ce Média, penchons-nous sur ce rapport que personne n’a lu.

C’est d’ailleurs amusant de constater que tous les médias parlent de ce rapport mais personne ne le met à la disposition du public. C’est donc chose fait : le voici.

IGSR-enquete-administrative-au-college-stanislas-juillet_2023

A l’origine de ce Barnum

Deux articles sont à l’origine de la saisine : un article de L’EXPRESS et un article de MEDIAPART. Ils datent de juin 2022.

Deux jours après l’article de Médiapart, le Directeur de Stan publie un communiqué indiquant que « de nombreux faits reprochés sont faux ».

Directeur de cabinet du Ministre de l’Education Nationale Pap N’Diaye (sans doute Jean-Marc Huart) saisie ensuite l’Inspection de l’Education nationale en février 2023. Celle-ci fait sont enquête puis rend ses conclusions.

Dans une école privée (ici, catholique), il y a le programme de cours « obligatoires », qui relève du contrat avec l’Etat et pour lesquelles l’Education Nationale a un rôle de contrôle. Et puis il y a les autres cours, les autres activités, qui sont propres aux spécificités de l’école (ici, principalement, l’enseignement de la Foi et l’éducation des enfants selon des critères catholiques, comme l’éducation sexuelle, les relations garçons – filles, la pudeur, etc…) et sur lesquels Mediapart n’a rien a dire. Edwy Plenel, patron de Mediapart et figure du trotskisme peut éduquer ses enfants selon des valeurs trotskistes, c’est son problème, même si c’est sans doute incompatible avec les valeurs de la République.

Que relève le rapport ?

PAGES 11 et 12 (du pdf, soit les pages 7 et 8 du document)

L’inspection relève que tous les enfants doivent suivre les cours religieux alors, que selon les textes, ça devrait être facultatif.

PAGE 12

Un père de famille se dit choquer que l’avortement soit présenter comme un meurtre

D’autre parents disent : « [notre enfant] parle de Jésus, de prières. »

Les même affirment avoir entendu: « Si vous n’êtes pas baptisée, vous serez damnée, vous irez en enfer. »

PAGE 13

Une mère de famille intervenante en pastorale aurait dit, pendant les manifestation contre le mariage homosexuel (années « Hollande ») qu’elle préférait largement Sarkozy à Hollande.

(Le rapport d’inspection ne dit pas si cette remarque a eu lieu pendant un cours ou en dehors d’un cours, lors d’une discussion de couloir. Le témoignage ne dit même pas si cette mère de famille disait cela aux élèves ou si elle disait cela à d’autres adultes, comme une discussion d’actualité politique. )

PAGE 13 et 14

L’inspection rapporte les propos d’un parent d’élève – catéchiste qui aurait eu des propos homophobes et confus. Elle précise que Stan a remercié cet intervenant à l’issue d’un intervention particulièrement marquée.

(Comme quoi, l’établissement semble réagir quand les propos son inacceptable, ce que Mediapart devrait mettre à son actif.)

L’inspection recommande de renforcer le contrôle des intervenants et de les informer sur leurs responsabilités.

PAGE 16

L’inspection relève que pour les classes de Première, Stan a adapté la réforme des spécialités et des options d’une façon à ce que les élèves ne puissent, globalement, que choisir parmi des séries A, B et C, comme avant la réforme. L’inspection appelle à une réforme de ce système.

PAGE 16 et 17

L’inspection relève le cas d’une élève qui semble avoir eu des difficultés spécifiques. Par pudeur, nous n’en ferons pas mention mais à lire le rapport, il semble que STAN ait demandé à jeune fille d’en parler à ses parents (bonne idée), et lui ait suggéré d’en parler à un des abbés présents à l’école (re-bonne idée). Ce à quoi elle aurait répondu « Je ne suis pas religieuse, je ne l’ai pas fait. »

Suite le cas d’un autre élève qui a des reproches à faire à l’établissement, ses choix d’orientation n’étant pas ce que lui recommandait STAN.

Vient ensuite (PAGES 17 et 18) le cas d’une bonne élève qui a été renvoyé pour harcèlement (c’est ce que l’on comprend) sur une autre élève mais l’Inspection relève que le dossier n’est pas très étayé. Notons qu’elle portait un pull LGBT. De la part d’une lycéenne d’un établissement catholique, on a connu plus discret et moins provocateur.

PAGE 18 et 19

L’inspection relève qu’elle n’arrive pas à savoir si les cours de SVT de 4e et 3e traient des sujets comme  la contraception ou les MST convenablement et suggère d’améliorer ce point là.

L’Inspection relève ensuite que STAN est pris entre deux feux : les parents qui ne veulent pas que ces sujets soient abordés trop tôt, ou pas du tout par l’école, et d’autres parents qui trouvent que ces sujets là ne sont pas abordés de façon assez extensive.  Problème que l’on retrouve dans de nombreux établissements quels qu’ils soient.

PAGES 19, 20 et 21

Longs paragraphes sur l’association « Com’ j’aime » qui intervenait sur l’ éducation sexuelle et affective auprès des enfants et des parents. Après dix ans de service, l’association a été remerciée après que des élèves aient remonté des propos dérangeants, sans que l’établissement ni l’Inspection puisse dire dans quelle mesure des propos réellement dérangeants ont été émis.

L’inspection indique que STAN était historiquement un établissement de garçons uniquement et que ça continue de se ressentir. Elle l’illustre par le choix de « figures de références » distinctes pour les garçons et pour les filles, rappelant que ces personnalités (Caroline Aigle, Cyrano de Bergerac, etc.) ont été choisi par les enfants eux-mêmes.

PAGE 23

L’inspection note que STAN continue d’avoir principalement des classes non mixtes et quelques unes mixtes. Elle note aussi qu’il y a plus de places d’internat garçons que d’internat filles.

PAGE 24

Corollaire logique, l’Inspection note que l’établissement n’est pas à parité garçons – filles.

PAGE 25

L’inspection trouve que STAN a une organisation et des installations qui « entretiennent les stéréotypes de genre ». Par exemple, le foot des garçons monopolise la cours de récréation.

PAGE 26

Long développement sur le règlement intérieur de l’établissement concernant les tenus vestimentaires. Au fil du temps, les règles deviennent de plus en plus explicites et directives, en particulier pour les filles, note l’Inspection.

A l’inspection qui trouve cela « sexiste », le directeur de l’établissement pointe du doigt la plus grande créativité vestimentaires des filles (par rapport aux garçons).

PAGE 27

Les voyages de classe. L’Inspection relève que certains voyages se font en non mixité. Sans que l’on sache si cela correspond au découpage des classes (lesquelles sont en partie non-mixtes également).

L’Inspection s’attarde sur une éducation différenciée entre les garçons et les filles, ce qui semble lui poser un problème mais que l’établissement assume. L’Inspection s’inquiète que cela ne puisse générer un climat homophobe mais les témoignages d’élèves semblent remettre les choses à leur place : non les élèves homosexuels ne souffrent pas de stigmatisation et par ailleurs, ce n’est pas le sujet central des journées à STAN.

PAGE 28

L’Inspection s’attarde sur l’exercice de l’autorité dans l’établissement, notant que c’est à la fois une demande des parents d’élèves mais aussi une potentielle source de tensions.

Elle note que plusieurs professeurs sont en conflit avec la direction de l’établissement.

L’arrivée d’un nouveau syndicat semble être compliquée actuellement.

Une représentants syndicale a des griefs à formuler à l’encontre de la direction.

PAGE 29 à 32

L’Inspection relève qu’enseignants et élèves sont soumis à une obligation de résultat. Elle conclut « les résultats sont certes là, mais au prix de cette constante mise sous pression des élèves » et que cette pression est « acceptée, voire revendiquée par les parents ».

DES RECOMMANDATIONS GRAVISSIMES

S’en suit une liste de recommandations (PAGES 33 et 34 du pdf) :

  • Faire respecter le côté facultatif de l’enseignement religieux
  • Contrôler l’enseignement effectif de la SNT en classe de Seconde,  de la SVT et de l’éducation à la sexualité.
  • Proposer plus de triplettes en classe de Première
  • Que les profs renseignent effectivement le cahier de texte numérique
  • Veiller aux choix des élèves handicapés (ASH) et à l’inclusivité des élèves ULIS.
  • Renforcer le contrôle sur les intervenants en pastorale.
  • Renforcer l’égalité filles – garçons dans les règles de vie et de tenues de l’établissement
  • Mettre en place un système d’alerte pour protéger les lanceurs d’alertes aux propos ou actes anti-républicains.

L’Inspection fait également des recommandations au Ministère sur des précisions à apporter concernant l’éducation, Parcoursup et les chefs d’établissements privés sous contrat.

CONCLUSION DESOLANTE ET DESOLEE

Bref, en conclusion, heureusement que Mediapart est là pour nous avertir de ces graves dangers. Merci Mediapart.

Et honte aux hommes politiques qui rentrent dans ce petit jeu, ils ne se grandissent pas.

(PS : je n’ai jamais mis les pieds à Stan, n’y ai pas d’enfants scolarisés ni de proches qui y travaillent – à ma connaissance.)