La réputation de « Complément d’enquête » de France Télévision n’était pas particulièrement bonne, certaines techniques utilisées par les journalistes fleurtant dangereusement avec les limites déontologiques de cette profession.

Avec ce Complément d’Enquête sur le Puy du Fou, ils explosent les bornes de la déontologie.

Un document à charge contre le fondateur

Tout le documentaire est à charge, ce serait burlesque si ce n’était pas la télévision publique payée avec les deniers des Français. Ce n’est d’ailleurs pas un reportage sur le Puy du Fou mais sur Philippe de Villiers.

Pour attaquer le Puy du Fou, ils vont mettre le projecteur sur des amis ou des connaissances du Puy du Fou. N’y avait il pas des livres réactionnaires en vente lors d’un événement auquel participait de Villiers ? Si ses amis vendent des livres réac, c’est donc qu’il est réac, et donc que le Puy du fou est réac. Absurde ? Oui, mais cette émission en est à ce niveau là de crapulerie.

Entre dégoût et méchanceté gratuite

Reste le plus sordide. Ressortir un drame familial personnel extrêmement douloureux (un de ses fils accusant un autre de viol) à la face de Nicolas de Villiers est d’une méchanceté et d’une impolitesse choquante. D’autant plus que ça n’a évidemment rien à voir avec le Puy du Fou. Mais tout est bon pour critiquer l’œuvre, n’est ce pas.

Je salue d’ailleurs Nicolas de Villiers qui arrive à se contenir face à un journaliste et un caméraman qui n’attendent qu’une chose : qu’il « pète » un câble, s’énerve, sorte de ses gongs. Bravo l’artiste, je n’aurais pas réussi.

Des mots choisis pour embrouiller

Le vocabulaire enfin est choisi avec vilénie. Prenons un exemple : « Philippe de Villiers et « son » château du Puy du Fou » ou « Philippe de Villiers à deux atouts, « son Puy du Fou » et (un autre) ». Celui qui ne connait pas en détail l’histoire du Puy du Fou peut facilement s’y méprendre et croire que le château appartient à la famille de Villiers. Ben oui, ils ont une particule, donc ils ont un château, évidemment.

Autre méchanceté glissée au passage : laisser penser que c’est le Père de Philippe de Villiers qui a fait acheter le château pour le projet de son fils. Alors que l’histoire est tout autre : le Conseil Général achète ces ruines envahies par les ronces en partie, sans avoir de projet précis, juste pour sauver les ruines. Et c’est après que Philippe de Villiers va y implanter son projet. Mais quand on ne sait pas cela, en écoutant Complément d’Enquête, on comprend les choses différemment : le pèce de Philippe a usé de son pouvoir d’élu pour l’enrichissement de son fils.

Cachez cette guerre de Vendée que je ne saurai voir

Les Guerres de Vendée, un génocide ? Ce mot n’est pas utilisé par le Puy du Fou mais le journaliste y tient. On ne comprend pas trop pourquoi il reproche au Puy du Fou de parler d’un Génocide mais il y tient mordicus. En revanche, il peut démontrer toute la supercherie du Puy du Fou qui parle de 300.000 morts alors que « Pas du tout ! », c’est seulement 200.000. Vous voyez bien que ce n’est pas un génocide !

Outre la mauvaise foi évidente de la démonstration, signalons que la population de la Vendée est aujourd’hui estimée à un peu moins de 600.000 avant les Guerres de Vendée. Alors qu’un tiers ou la moitié soit mort, de vous à moi, ça ne change rien au massacre. Mais pas pour notre bon journaliste du service public qui tient là la preuve formelle que le Puy du Fou est une supercherie.

Imagine-t-on un historien dire « La Shoa n’a pas fait 6 millions de morts mais seulement 4 millions. C’est la preuve que ce n’est pas un crime contre l’humanité et ceux qui le disent sont des faussaires. » Evidemment (et heureusement) non. Et bien, pour ce qui concerne les Guerres de Vendée, certains journalistes germanopratins en sont encore là.

La loi des suspects, version France 2

Enfin, je note que ni Philippe de Villiers ni son fils Nicolas, ni les 4300 puyfolais ne se présentent comme royalistes ou monarchistes.

Ça c’est la fixette du journaliste qui n’imagine pas qu’un Français du XXIe siècle puisse avoir une particule et ne pas être royaliste, ou qu’on puisse être catholique ou juste conservateur sans être anti-républicain. On sent que ça dépasse son référentiel intellectuel. Philippe de Villiers, Nicolas de Villiers, les bénévoles du Puy du fou, les soutiens du Puy du Fou sont forcément des ploucs (ben oui, ils habitent en province) et des réactionnaires.

Ça serait drôle si ce n’était pas nos impôts qui paient ces fadaises.

Amateurisme journalistique

Le journaliste essaie aussi de faire croire que le Puy du Fou obtient des passe-droit pour s’agrandir. Qu’il soit ignorant des règles d’urbanisme et autre PLU, admettons. Mais qu’il se renseigne auprès de professionnels plutôt que de tendre son micro à tous les déçus ou tous les bavards locaux. Tout projet structurant un peu hors norme peut obtenir des aménagements fonciers là où ce n’était pas constructible avant. Il en va du Puy du Fou comme d’une ligne TGV, d’une autoroute ou d’une Centrale Nucléaire. Et qu’il aille chercher quelques photos des terrains de Disneyland Paris avant Disneyland. (Scoop, il y trouvera des terres agricoles. Dingue, non ?)

Le Puy du Fou, je t’aime, moi non plus

Alors oui, il y a eu des tensions, oui il y a des bénévoles qui sont partis, qui sont déçus. Oui, Philippe de Villiers a son caractère bien trempé qui est sa force et parfois sa faiblesse. Et composer avec ce caractère là peut être pénible, douloureux, brutal. Oui, c’est vrai que la sortie de Bruno Retailleau n’est pas son heure de gloire.

Mais c’est ainsi, tout projet associatif – surtout de cette taille – attire les conflits et génère des querelles.

Enfin et surtout, ces journalistes de Complément d’Enquête n’ont pas compris ce qui fait l’âme, l’essence du Puy du Fou. D’ailleurs nicolas de Villiers lui dit à la fin de l’interview mais je ne suis pas sûr que le journaliste ait imprimé dans sa tête. Hors cadre intellectuel à nouveau.

L’essence du Puy du Fou, c’est la fierté des puyfolais de faire revivre leur histoire, et de le faire ensemble, et de le faire bénévolement. Quand je parle à des jeunes trentenaires qui viennent de ce coin là, ils disent leur plaisir d’être puyfolais, leur fierté d’avoir construit cela, leurs amitiés pour toute une vie qui sont nées là, dans ces efforts de répétitions et ces soirées de spectacle.

Et tous, qu’ils aiment le Puy du Fou et s’y investissent ou au contraire, l’abhorre et l’évitent, tous ils reconnaissent les bénéfices que tire ce territoire rural de la Vendée (et le Choletais voisin) de cette dynamique économique que génère le Puy du Fou. Des campings, des gîtes qui ouvrent, des commerces qui ne ferment pas, des écoles qui ne ferment pas, des jeunes qui peuvent faire des formations professionnelles sans s’exiler à Nantes, Angers ou Paris, bref un terroir qui vit et qui a de l’avenir.

Ce que n’a pas compris ce journaliste – et ne peut pas comprendre – c’est précisément ce qui pousse 4000 bénévoles à s’investir à corps perdu dans ce projet.

Bref, ce Complément d’Enquête est tout à la fois un mauvais procès fait au Puy du Fou et surtout un bel exemple de malhonnêteté journalistique, dont il faudra se souvenir en regardant (ou pas) les prochaines émissions.