Où va la Belgique ?

Lorsqu’en 2010 le pays a passé un an sans gouvernement central, les uns et les autres se sont demandés « Mais que va donc devenir la Belgique ? « . Et puis le pays a tenu, un nouveau gouvernement a été élu, la routine a repris et les questions existentielles comme les problèmes de fond ont été soigneusement remisés de côté.

Vu de France (l(auteur de ces ligne est Français), la Belgique est en soins palliatifs. La fin est inéluctable mais la famille ne veut pas encore l’admettre. « D’ailleurs, Docteur, elle respire toujours, n’est-ce-pas ? »

Les Belges n’ont plus de projet fédérateur, n’ont plus d’élan vital, celui qui incite à donner un coup de pied au fond de la piscine pour remonter à la surface et respirer à nouveau à pleins poumons.

Parmi les maux qui accablent la Belgique, citons les suivants.

  • L’avance de projet commun,
  • L’impuissance de la Monarchie, autant ligotée par une Constitution qui a privé le roi de tout réel pouvoir, que par force d’âme du monarque actuel.
  • L’hypertrophie politico-administrative qui permet autant au pays de survivre par inertie (comme par exemple après la chute du gouvernement Leterme le 19 avril 2010) qu’il anesthésie toute possibilité de s’en sortir.
  • L’immigration massive qui remplace les Belges de cœur par des Belges de papier. Les premiers auraient pu se battre pour leur pays, pour les seconds, c’est moins évident. Quiconque passe à Bruxelles une fois tous les dix ans voit le changement s’opérer. Définitivement.
  • Omniprésence des autorités de l’Union Européenne (Commission européennes + Parlement européen qui dans les faits en à Bruxelles + administration européenne) et de l ‘OTAN. La présence de ces deux mastodontes, Etats dans l’Etat belge, assurent une présence d’une population assez aisée et de services de qualité pour les servir. Cela empêche la faillite de s’installer trop vite. Bruxelles est désormais comme une petite ville de province qui ne vivrait que par son régiment, sa sous-préfecture et un gros service administratif étatique délocalisé. Si l’un ou l’autre s’en va, la ville s’effondre et se vide en quelques années.
  • Les idées progressistes et libéralistes omniprésentes qui font prendre des décisions apparemment lumineuses mais qui sont surtout dans l’air du temps. Telle la sortie du nucléaire.

La Belgique abandonne le nucléaire et sa souveraineté énergétique

Cette sortie du nucléaire, acceptée de fait par l’inertie des décideurs politiques belges, c’est un clou de plus dans le cercueil de la Belgique. Ce pays va confier son indépendance énergétique à ses voisins : l’Allemagne et les Pays-Bas, roi des énergies fossiles (toute leur énergie vient du charbon et du gaz) et à la France qui ‘en a déjà pas assez pour les périodes de grand froid.

Nous seulement la facture énergétique belge va-t-elle grimper en flèche, nous seulement leur énergie va devenir très émettrice de CO², nous seulement leur approvisionnement ne sera plus assuré lorsque l’anticyclone sibérien viendra se poser quinze jour en hiver au cœur de l’Europe, immobilisant toutes es éoliennes et recouvrant sous la neige tous les panneaux solaires, mais en plus la Belgique se met en état de soumission politique vis-à-vis de ses voisins.

Même si les dits-voisins sont plutôt sympas, cette décision politique, ou plutôt cette non-décision politique est un véritable suicide étatique. Toute négociation d’Etat à Etat se fera désormais sous la menace – forte ou discrète, mais réelle – d’un blackout énergétique. Si j’étais Belge, je serais révolté d’un tel choix.

Alors quel avenir pour la Belgique ? Quatre scenari

Et bien, les soins palliatifs vont encore durer longtemps. Par inertie, par habitude administrative. Et aussi par absence de projet alternatif crédible. Avant de quitter un radeau qui prend l’eau, on vérifie qu’un navire de haute mer est là pour prendre le relais. Sinon, .. on reste dans le radeau.

Avant d’acter la fin de la Belgique, il y aurait beaucoup de choses à régler, telle la présence d’un Bruxelles francophone entouré de banlieues néerlandophones.

Quatre scenari sont envisageables.

La scission, et Bruxelles, proto-capitale européenne

Premier scenario, la Flandre et la Wallonie se séparent et Bruxelles devient la Capitale Européenne et ses habitants les premiers « Européens » avec un passeport européen. Un peu à l’image de Washington DC qui est comme un Etat américain alors que c’est une ville d’un petit million d’habitants. Mais capitale fédérale américaine. Le même schéma serait imaginable en Europe. La Commission Européenne et les europhiles adoreront cette idée.

Le Belgikistan

Le second scénario sera la fondation d’un Belgikistan islamique. Le remplacement progressif de la population belge autochtone par une population allogène (solde migratoire + plus forte natalité) va entraîner à terme un nouvel équilibre dans lequel les Belges de confession musulmane sauront, sinon majoritaires, au moins une très forte minorité. Hier seuls des fachos utilisaient ce terme de Belgikistan et évoquaient ce scénario. Mais aujourd’hui, pour qui veut bien regarder honnêtement la situation belge, on ne peut exclure ce scénario. Et certains Belges de papier y seraient, eux, très favorables.

Le retour du roi

Le troisième scenario est royal. Conscient des faiblesses du royaume et des forces centripètes à l’œuvre, quelque leader charismatique suscitent un projet enthousiasmant autour de la figure du roi des Belges. Et mu par un fort courant populaire, la Belgique retrouve un dynamisme et un projet qui la porte pour quelques décennies, voire plus.

La salle d’attente

Le quatrième scénario est une situation transitoire qui s’éternise. C’est le scénario le plus probable. Aucun des trois autres scénarios ne survient, aucune crise majeure ne permet qu’ils surviennent. La Belgique continue à fonctionner, comme une administration. Ça peut durer des dizaines d’années encore. Mais le moindre choc violent peut faire vaciller le destin du pays.

Si aucun Belge n’arrive avec un projet royal fort, aucun flamand ne propose aux Flamands un avenir passionnant, si personne ne propose une Wallonie française avec un réel enthousiasme, si aucun choc sociétal majeur n’installe un régime proto-islamique européen, l’Etat belge survivra, vaille que vaille. C’est déjà ça, mais ça ne fait pas rêver.

Ce ne sont malheureusement pas les poncifs habituels du genre « Je crois en la Belgique. » ou « le scenario de la scission du pays n’est pas pris au sérieux par les principaux protagonistes », qui sauveront le pays d’un avenir pour le moins trouble.

Puissent les faits me donner tort. Et le roi et les monarchistes belges se réveiller.