Le TELT (Tunnel Euralpin Lyon Turin) est un projet étudié depuis 1995 et dont les travaux ont commencé en 2002. Il s’agit de creuser un tunnel de 57 kilomètres sous les Alpes pour relier par train Lyon et Turin en Italie.
Ce tunnel ferroviaire est destiné aussi bien au fret qu’aux transport passagers. Il devrait permettre d’absorber l’augmentation du trafic marchandise mais aussi de réduire les temps de transports assez sensiblement.
Ainsi le voyage Lyon Turin devrait durer seulement 1h45 contre 4 heures actuellement. Un Paris-Milan pourra se faire en 4 heures contre 7 aujourd’hui.
Le projet a dû faire face à de multiples obstacles durant ces 20 dernières années. Des incendies dans les tunnels, de fortes oppositions contre la bonne conception du tunnel, l’assèchement de nombreuses rivières souterraines ou encore des risques d’explosions sont certaines des contraintes observées au cours de ces derniers mois.
Le mois d’avril 2021 fut particulièrement mouvementé dans le village italien de San Didero, petite commune de 574 habitants située à proximité de Turin. Du 13 au 19 avril, un millier de policiers et carabiniers y ont été déployés pour tenter d’expulser des opposants au TELT, qui occupaient continuellement un ancien projet d’autoport inachevé qui devait être détruit pour faire place à une importante gare internationale. Une atmosphère de guerre régnait dans le village : « Des lacrymogènes ont explosé dans les cours des maisons […] des grenades lacrymogènes éparpillées dans les prairies dont certaines non explosées, un danger pour les personnes et les enfants qui veulent se déplacer dans la campagne et pour les animaux au pâturage. » décrivait la collectivité. Ils dénoncent aussi la destruction de milliers d’arbres et de terrains dû aux nombreux passages des véhicules de travaux.
A la surprise générale, la Commission Transports et mobilité d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) réclame l’accélération de la construction du tunnel le jeudi 6 mai. Ils étaient depuis le début de grands opposants à ce projet. Ce n’est que le jour suivant qu’ils ont supprimé cette annonce, déclarant que c’était une erreur d’interprétation. De plus, ils affirment dans un communiqué du Comité de la Transalpine : « de manière très claire que la réalisation concomitante d’ici 2030 de la liaison Lyon-Turin est nécessaire pour développer une offre de fret ferroviaire attractive et compétitive sur le Corridor Méditerranéen du Réseau Transeuropéen de Transport ». Le porte-parole d’EELV Alain Coulombel explique : « Parmi certains dans la région (de Chambéry), émerge une position réaliste : comme les travaux sont déjà engagés sur plusieurs tronçons, ils disent ‘Autant aller au bout’ ». Dans un sondage réalisé par le BVA en mars 2021, on apprend que 84% des partisans à EELV de la région Auvergne-Rhône-Alpes soutiennent le TELT.
Néanmoins, certaines personnes essaient de montrer ce projet sous un angle favorable, comme la candidate aux élections régionales d’Auvergne-Rhône-Alpes Najat Vallaud-Belkacem qui dit en parlant des opposants d’EELV : « Je pense qu’eux-mêmes reconnaîtront qu’avoir la possibilité de réduire la pollution de l’air, avoir la possibilité de donner la part belle au transport ferroviaire par rapport à la route et même soutenir l’économie et l’emploi, c’est quand même de beaux objectifs. ». En outre, les partisans rappellent que ce chemin permettra de désengorger les routes de près de deux millions de camions qui transitent chaque année dans les Alpes. Un tel projet permettrait aussi de créer de l’économie, densifiant et accélérant les échanges commerciaux entre la France et l’Italie, ce qui ferait un total d’environ 90 milliards d’euros par an.
Ce projet de plus de 26 milliards d’euros est financé à 40% par l’Union européenne, 35% par l’Italie et 25% par la France. Son inauguration est annoncée pour 2030.
Ce cas est assez intéressant car c’est un effet direct de la concurrence européenne des compagnies ferroviaires. Bien qu’il ait de gros atouts (première ligne direct Lyon-Turin), les opérateurs et concepteurs de la ligne doivent créer et imaginer une nouvelle approche commerciale pour la rentabiliser.