Cette affirmation en forme de boutade cache une hypothèse pas délirante : et si le gouvernement Barnier était le meilleur gouvernement que la France ait connue depuis des décennies ?
J’entends déjà les cris d’orfraie des électeurs et politiciens de Gauche. Bien sûr, ce gouvernement ne va pas mener la politique de gauche qu’ils appellent de leurs vœux. Bien sûr.
En revanche, nous avons là des ministres qui savent se trouver sur un siège éjectable. Ils n’ont que quelques semaines, peut-être moins, peut-être plus, pour faire bonne impression. Ils vont donc aller à l’essentiel. Pas le temps d’écrire six romans ou de poser dans Playboy, pas le temps de faire des plans sur la comète, d’imaginer des programmes immobiliers d’envergue qui porteront votre nom pour les vingt-cinq prochaines années, pas le temps de lancer un projet de musée, de nouvelle ligne LGV ou un nouveau tunnel sous la Manche les alpes ou les Pyrénées.
Par ailleurs, ils ont contraints sur leur droite (par le RN qui peut faire tomber le gouvernement à tout moment) et sur leur « centre-gauche » (en gros, les macronistes de gauche, tel Gabriel Attal, qui peuvent faire de même). Cela aussi va limiter les tentatives de grandes embardées sociétales ou économiques.
Par ailleurs, pour les élus LR, il y a un enjeu de survie : ils ont ces quelques semaines pour montrer à leur électorat qui les fuit (il n’a pas disparu, il vote ailleurs, au RN, principalement, et chez Macron pour une plus faible fraction). Ils doivent montrer qu’ils font se qu’ils disent. Et ça, chez un homme politique, c’est déjà bien. S’ils échouent, LR est mort (si ce n’est pas déjà le cas.)
Enfin, et ce n’est le moindre des points, les contraintes budgétaires et européennes (elles se ressemblent en ce moment, sans être identiques pour autant, CQFD) vont les obliger à des choix clairs. Tant que la contrainte budgétaire était un peu diffuse, les hommes politiques pouvaient se permettre d’avoir des programmes généreux ou mal évalués, qu’ils nous vendaient sur l’air de « dormez bonnes gens, je veille sur vous et gère la situation de main de maître.)
Ça n’est plus le cas. L’heure est au dernier acte de cette pièce de théâtre de Labiche à laquelle la politique nous avait habituée : le politicien entrait sur scène bruyamment, en sortait en catimini, déclamait haut et fort la main sur le cœur, mentait effrontément sans jamais se faire prendre pendant tous les premiers actes. Et puis au dernier acte, le couperet de la vérité s’abat sur ces tristes sirs malhonnêtes qui prenaient les autres pour des pigeons ou des naïfs.
L’heure est à l’efficacité pour ce gouvernement, contraint et forcé. Et si ça se trouve, c’est pour le bien de la France.